Jean Vilar, un artiste insurgé
Création 2002 Maison Jean Vilar Avignon
Conception et mise en scène Yann Denécé
Professeur Marie-Marguerite Nédelec
Textes « La bataille de Chaillot » Serge Pauthe, « Service public » et autres écrits de Jean Vilar
Avec les 13 insurgés en option théâtre au Théâtre de Cornouaille, scène nationale de Quimper
Construction scénographie atelier du théâtre de Cornouaille
Production Scène Nationale de Quimper
Avec le soutien du Conseil Général du Finistère et la Maison du théâtre de Brest
Avec treize élèves en option théâtre et la Scène Nationale à Quimper, Yann Denécé décide pour leur première année de rencontre avec le théâtre, de leur faire lire les écrits de Jean Vilar. Jean Vilar, le sétois, le comédien, le metteur en scène, le créateur du festival d’Avignon. Aucun élève n’en a entendu parler. C’est un défi. Ils sont jeunes, curieux. Ils ont de l’énergie. Ils veulent apprendre. « Pourquoi fait-on du théâtre ? Pour qui fait-on du théâtre ? ». Ces interrogations de Vilar peuvent-elles avoir quelque écho chez eux qui ont un véritable désir de théâtre ?
La proposition passe du défi au chantier.
Corps et âme, ils se plongent passionnément dans l’histoire de Vilar, de Sète à Paris. L’histoire du TNP les passionne. On décide de raconter la création du TNP, la fameuse « Bataille de Chaillot », la troupe, Gérard Philippe, les tournées. Le travail amorce des débats passionnants entre les idéaux défendus par Vilar et le schéma des institutions théâtrales contemporaines. Ils cherchent des fils et filles spirituels. Ils veulent jouer les débats qui agitent la troupe. Faire entendre le cahier des charges abracadabrantesque que signe Vilar pour entrer au Théâtre de Chaillot. On remonte le temps. 1947, Avignon. Ce n’est pas encore véritablement un festival mais une semaine d’art à l’invitation de son ami poète René Char. Et puis les années Avignon s’enchainent. « Le prince de Hombourg », « Mère Courage ». Le public suit. On lit des témoignages d’hommes et de femmes qui découvrent le théâtre pour la première fois. La cour d’honneur. La musique de Maurice Jarre.
Le chantier bat son plein.
Durant trois ans, dans un élan que je n’avais jamais rencontré auparavant, ces 13 élèves vont s’emparer du projet, des idées politiques du théâtre populaire défendu par Vilar, le saisir à bras le corps pour le porter aussi loin que possible. Nous créerons deux spectacles. Le Vilar avant 1947 et le Vilar après la création du festival d’Avignon. Nous prenons contact avec Melly Puaux, directrice alors de la Maison Jean Vilar en Avignon. Nous lui faisons part du projet. Nous lui racontons ce qui est en train de se passer là, avec ces jeunes en Bretagne. Elle nous invite durant l’hiver en Avignon, plonger dans les archives, découvrir les costumes, les maquettes. Le voyage se révèle un puissant accélérateur de particules théâtrales avec une surprise de taille. Melly Puaux les invitent à venir jouer leur spectacle dans la cour de la maison Jean Vilar à l’occasion du prochain festival d’Avignon. Les 13 élèves deviennent les 13 insurgés. Nous travaillons weekend et jours fériés. Sans relâche. Ils sont les premiers à investir « la friche du possible » que le Théâtre du Miroir vient de démarrer à Quimper. En trois ans, ils passent du statut d’élèves à celui de jeunes apprentis comédiens, avec une histoire, une solidarité, des convictions, un engagement dans le jeu magnifique à voir.
Festival d’Avignon. Cour de la maison Jean Vilar. Il y a là Serge Pauthe (dont nous avons emprunté le texte « la Bataille de Chaillot »), André Degaine et son indémodable « Histoire du théâtre », Melly Puaux bien sûr, quelques anciens compagnons de route de Vilar, les spectateurs d’Avignon et 13 jeunes insurgés qui racontent avec fougue et talent l’aventure du TNP et de la bataille Vilarienne. Beaucoup d’émotions de part et d’autre. D’admiration. Et la naissance de vocations. C’est décidé. Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, ils partiront par les chemins sinueux du théâtre.