Art et sport. Aïe ! Lorsque j’ai lu la pièce de Christian Rullier, ce qui m’a de suite interpellé, au-delà du style provocateur et acide, c’est le sujet. Il est rare, pour ne pas dire exceptionnel, que le théâtre aborde la question du sport alors qu’il est certainement l’expression la plus populaire et massive dans nos sociétés. Il est présent partout, auréolé de toutes les vertus et valeurs, glorifié, déifié (les fameux dieux du stade), relayé par la toute-puissance des médias. Il est devenu notre pain quotidien, la première religion planétaire.

La pièce de Christian Rullier aborde la question du football non pas dans le sens d’une critique sociologique mais plutôt comme une farce. Farce tragique. J’enfonce une porte ouverte en disant qu’il y a un vrai fossé entre la culture artistique d’un côté (les cultureux) et le sport de l’autre (la culture loisir). Le public qui fréquente les salles de spectacles, particulièrement les théâtres, est-il le même que celui qu’on retrouve aux stades le weekend ? Est-ce que l’art divise et le sport rassemble ? Football et autres réflexions est une invitation à se débarrasser à la fois de tout ce qu’on croit être le théâtre et de tout ce qu’on croit savoir sur le football. Le style de Rullier est avant tout un dispositif de jeu. Il nous met dans les jambes des ballons explosifs.